En remontant le Mékong...

Publié le par nemetsacados

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Le Mékong, c’est un fleuve, mais pas seulement. D’une longueur de 4 600 kilomètres de moyenne, il traverse 6 pays : La Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. C’est le dixième plus gros fleuve du monde, et le quatrième d’Asie. Il achève son long trajet au Vietnam, créant un immense Delta. Ce fleuve a pour particularité de varier de débit au cour d’une même année de façon considérable. Prenant sa source dans les hauteurs himalayennes, le Mékong bénéficie donc de la fonte des glaces du plus gros massif montagneux terrestre. Et bien sûr, la mousson influe également sur le fleuve. Avec ces deux facteurs, le Mékong quadruple son débit d’eau, passant de 15 000 à 60 000 mètres cubes par seconde. Considéré comme faisant partie des eaux les plus poissonneuses du monde, la déforestation intensive entamée en 1980 a déclassé le Mékong de cette liste. Les pluies qui ruissellent sur les terres mises à nues, emportent avec elles des boues qui ne cessent de combler les fonds du fleuve. Sa navigation n’est pas possible partout et en toute saison, et surtout le transport fluvial est de nos jours entièrement remplacé par le transport routier.

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Mais le Mékong est surtout un immense axe vital. Chaque année en saison des pluies, le fleuve peut monter de plus de dix mètres, inondant toutes les terres alentours. En inondant les champs, le Mékong dépose ses alluvions. Ces terres inondées deviennent alors très fertiles, permettant des cultures miraculeuses. Il est également une source d’apport en nourriture. La pêche permet d’assouvir la consommation de poisson des cambodgiens, qui en sont très friands. Outre la pêche, la pisciculture est une activité importante.

Enfin le fleuve est tout simplement un apport d’eau douce. Il permet d’irriguer les cultures, de laver son linge, prendre son bain, faire la vaisselle…Etc.

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Malheureusement, le fleuve est en péril. Il est de plus en plus pollué sur tout son trajet. Son débit a été réduit par des barrages en amont. Les chinois sont les premiers responsables, ayant déjà achevé un premier barrage, un autre est en construction et douze autres sont à l’étude. Le niveau de l’eau baisse donc en aval au détriment des populations qui voient le poisson se raréfier et diminuer en taille. La Chine est également responsable de destruction de saut sur le fleuve en prélevant des roches et du sable ce qui perturbe énormément les débits du Mékong.  Ses berges sont envahies  de déchets plastiques. Mais les populations vivant du fleuve n’ont pas encore conscience de l’importance de préserver cette ressource naturelle. Le Cambodge est envahi par le plastique : des emballages à foison inondent les marchés et les commerces. Mais tout ce plastique fini sa vie en pleine nature, la campagne et les cours d’eau sont donc extrêmement pollués par ces déchets.

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Pour remonter le Mékong en direction du nord du pays, nous avons commencé par longer sa rive gauche. Nous sommes repartis de Kompong Cham samedi (24/03) toujours à bicyclette. La route était très charmante, mais très vite la journée s’est gâtée pour Pit. L’avant-veille, nous nous étions fait courser par un chien alors que nous étions en mobylette. Pit ayant une peur bleue des chiens a commencé à angoisser à la vue des nombreux chiens sur la route et sur ses abords. Mais des chiens il y en avait tous les 10 mètres !!! Imaginez dans quel état il s’est retrouvé. A tel point qu’il ne faisait plus du tout attention à la route. Il a alors raccroché le vélo de Mich’ en essayant de s’éloigner d’un chien, et occasionna la chute de Mich’ . Une chute plutôt impressionnante, très lourde vu le poids des vélos, mais qui heureusement s’est soldée par quelques derme-abrasions.

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 Nous nous sommes donc arrêtés sur le bord de la route pour soigner les bobos. 8 enfants et 4 adultes se sont rassemblés autour de nous, pas par voyeurisme, mais par inquiétude et pour proposer leur aide. Forcément, la sortie du matériel de soin a attisé la curiosité, et une fois que Pit eu fini de soigner Mich’, un vieux monsieur lui a demandé des médicaments pour soigner sa toux. Les enfants lui ont traduit que nous n’étions pas docteur !!! Les femmes, pourtant âgées, nous ont aidé à recharger les sacs sur les vélos, et le vieux monsieur nous a tapoté le sommet du crâne plusieurs fois comme si il voulait nous donner sa bénédiction pour la suite de la route. Mais la route asphaltée prend fin après 30 kilomètres de pédalage. Avec Huguette la Bicyclette (vélo de Pit) et Geronimo le p’tit vélo (vélo de Mich’) les choses se compliquent. Nous rejoignons la rive droite du Mékong en prenant un bac, qui nous dépose un peu en aval par rapport à l’autre rive : pas cool !

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 Le ciel s’est alors chargé de gros nuages noirs, le vent s’est levé, et la pluie est venue nous arroser. La piste est alors devenue une immense patinoire de boue, où même à pieds il était difficile d’avancer. Deuxième chute du jour pour Mich’ qui a glissé sur la bouillasse de latérite, les vélos étaient pleins de boue, les chiens toujours aussi menaçants pour Pit, on était vraiment au bout de la roulette ! Nous avons retrouvé le goudron 30 kilomètre plus loin et avons fait une pause déjeuner dans un restaurant tenu par des Chams. Les Chams sont des cambodgiens, mais de confession musulmane. Beaucoup de Cham vivent dans cette région, et nous avons eu une drôle de surprise en traversant un village où les femmes étaient revêtues du voile intégral noir, laissant juste apparaitre les yeux… curieux contraste pour le pays. Mais la deuxième particularité, c’est que chez les chams, il n’y a pas de chien ! Le plan prévu initialement était de rallier Kratie, à 110 kilomètres du départ. Mais au vu des grandes difficultés du jour, nous nous étions rabattus sur une étape à Chlong, 40 kilomètre plus tôt. Mais un élan de motivation nous a parcourus à notre arrivée à Chlong, et nous avons fini la route. Nous sommes arrivés vers 18 heures à Kratie, boueux, fatigués, les sacs et les vélos crados, mais tellement heureux !

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Le lendemain, ce fût glandouille générale à Kratie, ben oui le dimanche faut pas forcer ! Nous avons simplement fait notre marché, nos lessives, les lessives des vélos par la même occasion. Kratie est une petite ville en bord de fleuve, plutôt agréable avec un très grand marché qui envahi les rues de la ville.

Lundi c’était reparti pour la route ! Au programme, nous avions 144 kilomètres à parcourir jusqu’à Stung Treng, la ville la plus au nord du Cambodge. Au bout de 15 kilomètres, nous avons tenté une pause pour observer les dauphins du Mékong. Mais une dame réclamait 7 dollars par personne pour observer depuis la berge et 9 pour prendre un bateau. Nous avons donc poursuivi notre route, misant sur le Laos pour pouvoir observer ces animaux.

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Nous n’avons pas eu de repère de notre avancée durant les 60 premiers kilomètres, car il n’y avait pas de borne kilométrique sur le bord de la route. Du coup nous avons fractionné nos trajets en fonction du temps et pas des kilomètres. Une pause d’un quart d’heure pour chaque heure de vélo et une pause de une heure pour le repas du midi. Cette technique nous a fait avancer bien vite, car nous sommes arrivés à Stung Treng à 17h15, alors que c’était l’étape la plus longue que l’on ait fait auparavant.

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En revanche, la route ne fut pas des plus belles. Nous avons traversé pendant 50 kilomètres des champs de mines. Seule la route est praticable, tous les bas cotés sont balisés de ces fameux panneaux rouges à tête de mort. Drôle d’ambiance de voir ces propriétés coupées en deux, un coté déminé, un autre non, des maisons et des champs abandonnés… Quelle vie ont les habitants de la région ?

 

Aujourd’hui (mardi 27), ce fût une journée récupération à Stung Treng, et la découverte de son très beau marché. Dans l’après-midi, nous avons rendu visite à l’ONG Mékong Blue, qui vient en aide aux femmes en détresse et à leurs enfants. Les femmes trouvent dans l’association un travail : la production et le tissage de la soie. Ce fût l’occasion de découvrir un très beau métier en toute intimité et d’écouter une dizaine d’enfants nous chanter une chanson rien que pour nous. L’achat de leur travail permet de contribuer à cette ONG et en même temps de faire l’acquisition de très belles étoles de soie tissées main. Nous vous conseillons vraiment ce détour (4 km après le pont).

Demain, nous laissons nos vélos en gardiennage dans notre hôtel de Stung Treng, et partons pour 5 jours dans la province du Ratanakiri, l’extrême nord-est du pays .  

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A très vite

P & M

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