Là-haut sur la montagne...

Perchée sur le flanc d’une montagne à 1600m d’altitude, la ville de Sa Pa est un haut lieu touristique. Des treks menant à la rencontre des minorités y sont proposés par de multiples agences. En effet, cette région du nord Vietnam est peuplée par  différentes ethnies qui     se localisent sur les versants des montagnes ou dans la vallée. Ainsi retrouve-t-on les H’Mongs dans les villages de Ma Tra, Sin Chai, Cat Cat, Y Linh Ho, Hau Thao et bien d’autres ; les Tzay à Ta Van ; les Dzao à Seomity, Thanh Kim, Nam Toong ; les Tay à Ban Ho et Thanh Phu. Cette liste est cependant non exhaustive et certains villages regroupent différentes ethnies (comme Su Pan).

Nous nous sommes rapidement procuré une carte afin de mieux localiser les lieux de vie des minorités et d’identifier les chemins pédestres. Comme nous évitons au maximum agences et groupes, nous avons fait confiance à 3 femmes H’mongs qui nous ont proposé, à peine descendus du minibus, de nous rendre dans leur village. Nous avons d’abord repoussé l’invitation au lendemain, préférant découvrir Sa Pa le premier jour et nous reposer de la longue nuit de voyage. Nous restions également un peu méfiants, nous demandant où était l’entourloupe… (Elles ont tout de même patienté 5h devant notre hôtel alors que nous dormions !). N’ayant pas idée de où nous rendre ni par quel chemin (la carte n’était pas très précise), nous avons donné RDV à Djo, Tsé et Ma pour un départ le samedi matin.

Le temps des tractations avec elles fut l’occasion de découvrir la relation conflictuelle entre vietnamiens et minorités. Pit a du intervenir vis-à-vis d’un policier qui allait frapper une de nos accompagnatrices à coup de matraque…  A Sapa, il y a des panneaux d’informations qui signalent aux voyageurs de ne pas passer par les locaux pour découvrir les minorités, mais d'avoir recours à une agence. L’explication, que nous avons eu par la suite, est purement financière. Les agences étant vietnamiennes, les retombées économiques sont donc pour les vietnamiens, tout comme les lodges et les restaurants. Les H’Mongs n’ont aucune retombée du tourisme si ce n’est l’artisanat vendu, et nos hôtes bravent la police pour trouver des marcheurs, sinon aucun touriste ne passe par chez elles. La différence de niveau de vie est énorme entre vietnamiens et minorités. Une situation plutôt triste qui nous encourage à vous recommander fortement de passer directement par les minorités, ce qui garantit une découverte authentique et on sait où vont nos sous… Pour anecdote, les vietnamiens demandent aux H’Mongs et autres minorités de partir de la région, prétextant que c’est leur pays… Alors que les vietnamiens n'ont investi les lieux que secondairement, flairant le business en jeu… Hélas tout le monde ne s’y retrouve pas et une fois de plus c'est le petit qui est mangé par le plus gros…

Les 3 petits bouts de femmes nous ont accompagnés durant 2h30 sur des sentiers tantôt escarpés, tantôt plats, sillonnant dans la montagne entre rizières et forêts de bambous. A défaut de pouvoir admirer les paysages alentours à cause d’un énorme nuage vaporeux, nous avons fait connaissance avec Tsé, Ma et Djo, (respectivement 40, 32 et 21 ans). Nous apparaissions si bien équipés pour marcher à côté d’elles (portant bottes de pluie ou savates en plastique) que nous les avons soulagées par moments de la charge qu’elles portaient sur leur dos (une hotte en vannerie et Banéné, 6 mois, tenu au chaud dans son porte-bébé).

Arrivés au village d’Hau Thao, nous avons été chaleureusement accueillis dans la maison de Djo qui y vit avec ses beaux-parents. Nous avons participé à l’élaboration du repas avec nos accompagnatrices et observé le beau-père confectionner de jolies boucles d’oreilles en fer. Le repas, composé de riz, nouilles, légumes et tofu frit, a été pris entre femmes (+ Pit).

L’après-midi nous sommes repartis pour une longue randonnée de 3h sur de petits sentiers, entre des rizières en terrasse et parfois en bord de route. Le nuage ne nous ayant pas quittés de la journée, on a pas vu grand-chose du paysage. Nous nous sommes beaucoup amusés avec nos 3 H’mongs en leur apprenant des mots français. (voir la rubrique « on Nem »).

Le soir nous sommes retournés au village d’Hau Thao où nous avons été hébergés chez Djo et ses beaux-parents. Nous avons un peu appris des us et coutumes de cette ethnie et avons partagé un repas « entre femmes » à base de buffle cuit au gingembre. Le dîner terminé nous avons trinqué à la « Happy water » (alcool de riz). La boisson aidant, nous avons beaucoup ri ce soir-là, et nous nous sommes couchés sur leurs lits : des lattes de bambous avec une toile de jute dessus… peu confortable, mais pour le coup bien authentique !

Le lendemain matin, après un bon petit déjeuner (Tofu frit, porc aux oignons, herbes diverses… et happy water !), nos hôtes nous ont présenté leur artisanat. Un artisanat que pour une fois nous n’avons pas négocié, leur achat était une part du remerciement de leur accueil. Ensuite nous avons repris la route à pied avec toujours nos 3 accompagnatrices, et sommes partis vers le village de Ta Van. Arrivés dans ce village, nous avons réalisé la chance que nous avons eu de vivre cette expérience. Les autres touristes défilaient à la queueleuleu dans ce village sans authenticité, les minorités étant là dans un seul et unique but mercantile… vraiment pas terrible…

Le village suivant, celui de Lao Chai, est la copie conforme du précédent, avec des restos et des lodges sans intérêts à nos yeux. Nous avons voulu y acheter des tronçons de canne à sucre, mais les prix pratiqués étaient 3 à 4 fois le prix annoncé aux locaux, même nos 3 accompagnatrices ne comprenaient pas cette entourloupe ! Nous avons tout de même réussi à en acheter au grand plaisir de nos guides, et au grand désespoir de nos dents !!!

Pour rallier Sapa, il nous a fallu 2 heures de marche supplémentaire. Nos 3 hôtes ont vraiment eu du mal à terminer la randonnée, mais sont toujours restées souriantes et agréables, appréciant les pauses et les gâteaux que nous leurs proposions. Nous nous sommes séparés une fois à Sapa et elles nous ont chargé de vous inviter chez elle ! Alors si un jour vous êtes de passage à Sapa, vous serez les bienvenus !

Ces 2 jours ne nous ont pas été facturés. Elles nous ont donné tout ce qu’elles pouvaient, un toit, un  couvert, de nombreuses attentions et de sourires, sans tarif, sans horaires… Bien sûr une contribution était attendue mais nous nous sommes sentis libres de leur donner ce que bon nous semblait, tout en sachant l'usage que serait fait de cet argent.

Le retour à Sapa ne fut pas des meilleurs, nous avons essuyé de nombreuses arnaques, tourisme oblige ! (Voir la rubrique "On Nem pas")

Lundi matin, nous sommes revenus sur Lao Cai, et avons eu la chance d’attraper un train pour Hanoi dans la demi-heure suivante. 11 heures de trajet pas sans peine, mais qui nous ont ramenés à bon port !!!

A très vite

M & P & G