Les retrouvailles guyanaises

 

Une fois arrivés à la gare routière de Ponsavanh, il nous a fallu un peu de patience pour rejoindre le centre de la ville. Nous avions réussi à négocier un tuk-tuk avec un touriste anglais, mais petit à petit, d’autres étrangers se sont ajoutés aux négociations, modifiant le prix à chaque nouveau passager !

Mais au bout de 20 minutes de tractation et 20 minutes de trajet, nous avons eu le grand plaisir de retrouver Emeline et Amarillys dans leur guest house ! Nous ne les avions pas revues depuis nos départs respectifs (plus ou moins 1 an), alors forcément nous étions bien contents de revoir leurs frimousses !

Après un rapide tour au marché de la ville pour le petit déjeuner, c’est autour d’un bon verre que nous avons passé un long moment à papoter ! Et quoi de mieux qu’une bière Lao pour fêter les retrouvailles ?!

L’objectif était ensuite de visiter un des 3 sites archéologiques de la plaine des jarres. Comme cela, nous pouvions reprendre la route dès le lendemain tous les 4 pour prolonger ces retrouvailles !

C’est avec des mobylettes que nous nous sommes rendus au site numéro 2, par hasard après plusieurs dizaines de kilomètres à rouler sans savoir vraiment où ! Un petit défi en plus pour la conduite pour Pit : s’assurer que Mich’ se tienne bien, car l’apéro l’avait bien fatiguée !

La plaine des jarres est un complexe de 3 sites archéologiques majeurs, sur lesquels nous pouvons observer de curieuses jarres de pierre. Ces vestiges sont datés du début de notre ère.

 

Deux hypothèses sont avancées par les archéologues pour expliquer l’utilité de ces jarres :

1° L’empereur chinois Khoun Chuong a fait une grande fête pour célébrer la victoire de son armée, et les jarres ont servi de contenant pour l’alcool de riz. Sachant qu’il y a plus de 300 jarres, qui font de 1m à 2m50 de haut (tout de même !), ça peut en saouler du soldat !!! Et le lendemain, gueule de bois oblige, les soldats sont repartis en oubliant de débarrasser les bouteilles !

2° Il s’agirait d’urnes funéraires, tout simplement.

On vous laisse le choix de l’hypothèse la plus plausible !

Manque de bol pour nous, le site numéro 2 ne contient que 3 jarres, et loin d’être les plus grandes. Il est très facile de les confondre avec des poubelles le long du sentier (!).

  Enfin sentier, c’est vite dit, notre experte en escalier a estimé à 657 marches l’escalier de pierre qui mène au sommet de la colline.

Mais l’ascension a été récompensée par une très belle vue sur la région de Ponsavanh.

 

Nous avons pu emprunter un ancien tunnel militaire qui nous a fait traverser la cime de la colline de part en part.

La nuit fût ensuite très longue

 et c’est avec 25 minutes de sommeil que nous nous sommes rendus jeudi (26/04) à la gare routière. Nous optons pour le bus VIP dont le départ était annoncé à 7h30. Nous prenons donc le temps de prendre une soupe dans la gare routière. Seulement au bout de 5 minutes, à 7 heures pétantes, le bus klaxonne et le chauffeur nous sort de table alors que nous n’avions pas fini notre pti-déj…  Tout ça pour que 2  minutes après le départ le bus s’immobilise sur le bord de la route pendant 30 minutes !

Le bus VIP n’était en réalité qu’une poubelle roulante sur lequel un petit rigolo avait dû coller un grand autocollant VIP sur le parebrise. Pour nous deux et Meumeu, le confort était certes très sommaire mais nous nous en sortions bien comparés à Ama ! Imaginez-vous coincé sur le dernier rang du bus contre la fenêtre, le siège précédent vous écrasant les genoux et vous chatouillant le menton. Ajoutez à cela un voisin qui s’endort sur votre épaule et qui se met à vomir aux premiers virages ! Bien sûr, pour jeter le sachet contenant les restes de son repas, il prend soin de le frotter sur vos genoux ! Le tout pendant 8 heures, vous voyez le tableau !

A 15 heures, nous sommes arrivés à Vang Vieng. La première étape fut de se désincarcérer du bus et de retrouver une forme humaine une fois descendus de ce dernier ! Vang Vieng est une étape pour laquelle nous avons beaucoup hésité à l’inclure dans notre itinéraire.

Il s’agit d’un gros village posé au bord de la rivière Song. Les paysages environnants sont très jolis et de nombreuses grottes sont visitables. Beh pourquoi hésiter nous direz-vous ? Parce que Vang Vieng, c’est également le village de la débauche anglophone. De nombreux bars permettent aux touristes anglais, australiens et américains de finir dans des états minables chaque jour.

Des restaurants proposent des matelas face à des écrans plats diffusant des épisodes de la série Friends (ou encore Les Griffins) en boucle toute la journée. Idéal pour cuver son vin et laisser redescendre la drogue prise auparavant.

Et oui la drogue joue son rôle aussi, nombreux sont les restaurants proposant des « happy pizzas » (une pizza où l’origan est transformé en marijuana !) des « space cakes » (là c’est le beurre du gâteau qui est happy !). Bref une débauche complète, imposée à la population locale. Aucun respect de la part des anglophones n’hésitant pas à se promener torse nu, pieds nus ou en bikini dans un pays où la pudeur a son importance.

Ces drôles de numéros se reconnaissent facilement. Ils portent tous au moins un signe distinctif sur eux : un marcel « beer lao » ou « in the tubing » ou « britney spears » (oui oui !!!), enfin un marcel. Si ils n’ont pas de marcel, ils porteront surement un mini-short rose fluo « in the tubing » ou de fausses Ray-Ban en plastique (beh oui, au prix qu’elles coutent dans mon pays, j’en profite !).

 

Mais pourquoi « in the tubing » ? Le tubing vient de Tube en anglais : la chambre à air. C’est l’apothéose de la débauche au plus profond de l’idiotie ! Des loueurs de chambres à air vous proposent de faire la descente de la rivière les fesses dans l’eau, avec au programme beuverie dans les bars postés sur la rive …

Nous avons donc décidé tous les 4 de nous mettre à l’écart de toute cette agitation, et pour le coup ce fût une bonne pioche ! Nous avons loué 2 petits bungalows très calmes et très charmants avec chacun sa petite terrasse, le tout pour 5 euros le bungalow. Café, eau fraiche et bananes à volonté.

 

Une charmante expérience culinaire s’est offerte à nous le soir. Nous avions repéré de belles côtelettes sur un barbecue dans une petite gargote. Nous nous sommes tous les 4 laissés tenter. Malheureusement, dans la pénombre du soir, nous n’avions pas vu qu’il s’agissait d’oreilles de porc grillées… nous avons au moins rendu un chien heureux !

Nous avons poursuivi les retrouvailles le soir sur la terrasse, une très longue partie de cartes, entrecoupée de pauses pour réveiller le gardien de nuit… Il y avait bien sûr de la « beer lao » en vente à la réception et nous devions faire appel au service du gardien pour qu’il réveille la réceptionniste qui elle seule détenait la clé du frigo tant convoité ! Cette petite dame n’a pas beaucoup dormi mais elle était tellement contente de faire des affaires même en pleine nuit qu’elle nous a toujours adressé de larges sourires ! Le gardien aussi, mais alors là on n’a pas su pourquoi !!! Peut-être était-il content de quitter la table qui lui servait de lit pour soulager son dos ?!

Le vendredi matin, nous avons été coincés à la guest house. Un violent orage nous a empêchés toute sortie et ce n’est que vers midi que la météo est devenue plus clémente.

 Nous avons donc pu louer des vélos pour partir à la découverte du « lagon bleu ». Nous ne savions pas grand-chose de ce site, si ce n’est qu’il fallait y aller car c’était très beau.

Sur la route, nous avons suivi les panneaux indicateurs.

Le chemin était très joli, des pitons rocheux posés au milieu des rizières. Le dernier panneau a modifié complètement notre après-midi. Il menait à un barrage ou deux hommes nous ont demandé de payer un droit d’entrée au site. Nous avons senti l’arnaque (l’homme sortant de sa poche 4 billets déjà détachés de leur souche) et avons essayé de passer malgré tout. Voyant que les hommes nous courraient après comme si nous étions des voleurs, nous nous sommes résignés à payer (d’autres tickets détachés de leur souche devant nous). Sauf que 300 mètres plus loin nous nous sommes rendus compte qu’il ne s’agissait pas du « blue lagoon » Le panneau était tout simplement une supercherie pour faire payer les touristes. Nous avons donc tenté de récupérer notre argent, en vain, les deux ordures s’étaient déjà fait la malle. Nous étions 8 ou 10 étrangers à s’être fait rouler, même pour 1 euro par personne, le business peut vite se révéler juteux. Nous avons donc décidé de mettre un terme (surement que très provisoire) à cette arnaque, en mettant à terre la cabane faisant office de « réception ».

Ama s’est fait un ultime petit plaisir en mettant au sol le faux panneau à l’origine de l’arnaque, le tout sous l’œil hagard des villageois qui n’osaient rien dire, ils savaient très bien ce qui se passait…

Nous avons repris la route, nous nous sommes bien sur perdus, et avons enfin trouvé le « Lagon Bleu ». Sauf qu’à l’entrée du site, nous avons refusé de repayer un droit d’entrée. Nous avons expliqué l’histoire au gestionnaire du site. Il connaissait très bien le problème, une arnaque qui forcément lui cause du tort également !

Il a donc passé une paire de coups de fil, et au bout d’une demie heure, le chef du village est arrivé, et les deux pourritures également. Ils nous ont rendu notre argent après quelques menaces, et ils ont bêtement appelé les policiers pour l’histoire de la cabane mise à terre. Sauf que ces deux débiles n’ont pas réfléchi que les voleurs, ce n’était pas nous ! Donc nous avons continué à patienter sagement l’arrivée de la police. On se réjouissait déjà à l’idée de rentrer en pick-up et pas avec les vélos pourris que nous avions loué !

Sauf qu’au bout d’un moment, le chef du village a fait comprendre aux deux plaignants que c’était eux qui risquaient gros, car le vol au Laos, ça ne passe pas du tout ! Encore moins envers les étrangers !

Ils nous ont donc proposé de profiter du lagon, en nous expliquant que le chef du village allait régler le problème avec la communauté et que si jamais la police arrivait, ils règleraient le problème eux-mêmes.

 

Nous avons donc pu découvrir le lagon bleu vers 16h30. Au final il s’agit d’une micro rivière aux eaux claires certes, mais nous étions bien loin de l’image que l’on peut avoir d’un lagon bleu !

Au bout d’un moment, un pick-up de police est arrivé sur le site. Pit s’est tout de suite livré aux forces de l’ordre qui ne l’ont même pas calculé ! Ce n’est qu’une heure après, lorsque nous nous apprêtions à quitter le site (et les policiers également), qu’un agent est venu à notre rencontre pour nous présenter ses plus plates excuses au nom des laotiens, et que ça ne se reproduira plus !

Passé la déception de ne pas rentrer avec le pick-up, nous nous sommes aperçus que le panneau mis à terre 2 heures avant était de nouveau fonctionnel pour arnaquer de nouveaux touristes le lendemain….

Pour nous le lendemain, ce fût Tubing ! Après une troisième nuit de retrouvailles, il nous fallait bien un peu de repos ! Nous avons opté pour un départ matinal afin de ne pas se retrouver mélangés avec ces espèces de dégénérés ivres morts. Forcément, à 9 heures du matin, on ne fait pas la queue pour obtenir sa bouée et son tuk-tuk de libre !

Le touk touk nous a emmenés à 6 kilomètres en amont de Vang Vieng au départ de la descente. Avant même de commencer, un premier bar nous propose de boire. Mais alors pas pour rien ! On peut y lire une pancarte « Buvez pour aider les enfants », (honteux !), prétextant être une association venant en aide à l’enfance. Un slogan à faire hurler bon nombre de publicitaires !!!

Nous avons donc découvert les 500 premiers mètres de la descente : des bars de part et d’autre de la rivière. Mais à l’heure où nous sommes passés ils étaient bien sur fermés. Nous étions les quatre uniques bouées sur l’eau.

Chaque bar propose une activité pour attirer la clientèle : Toboggan extrêmement dangereux (apparemment déjà mortel…), tyrolienne à la sécurité inexistante, du « special smoke », des happy-mushrooms (champignons hallucinogènes) ou simplement des offres commerciales sur les consommations d’alcool. A vomir !

Les rapports avec les locaux sont complètement détruits, même avec les enfants. Un groupe d’une dizaine d’enfants péchait dans la rivière, à notre passage nous les avons salués comme toujours, mais nous sommes restés sans réponse et sans sourires… pourtant d’habitude les enfants peuvent devenir hystériques à la vue d’un étranger et ne lésinent pas sur les « Sabaï Dee » ou les « Hello » même du fin fond de leur jardin…  

Mais une fois passé ces 500 mètres, soit après une demi-heure de descente, il nous restait 3 heures de descente paisible au fil de l’eau dans des paysages naturels plutôt jolis. Peu de sensation en revanche, les eaux sont agitées par moment mais vue la faible profondeur des eaux, la bouée est loin de s’emballer dans le courant !

Pour notre dernière après-midi ensemble, nous avons visité le site de Tad Chang ou Jang. Il s’agit d’une grotte d’où s’écoule une eau cristalline propice à la baignade. Le site est dépourvu d’étranger, encore moins de fêtard anglophone (beh non, il n’y a pas de bar !), seuls les locaux viennent profiter des eaux fraiches pour se rafraîchir. Nous avons pu partir à la nage à la découverte de la grotte. La grotte n’était pas éclairée et c’est avec une lampe frontale que Pit a guidé tout le monde avec un grand courage ! Enfin non, ce sont ces dames qui ont usé de toute leur énergie pour rassurer Pit qui ne faisait pas le malin, mais alors pas du tout !

 

 Une vraie chochotte, impressioné d’être sous une montagne, dans l’eau et dans le noir ! Mais l’expérience lui a paru sympathique comme pour les trois filles ! Nous recommandons vraiment ce site (au fond du Vang Vieng Resort, à 2 km du centre ville), d’autant plus que l’on peut y déguster des nids d’abeilles avec les larves ! Certains diront que c’est bon, d’autres que c’est immonde… une question de goût et de texture…

Une dernière soirée passée à 4 toujours autour des cartes, avec les mêmes allées et venues à la réception !

Nous avons repris la route le dimanche matin en mini bus pour Luang Prabang, laissant les filles finir leur nuit !

 

Les prochaines retrouvailles auront normalement lieu à Phnom Penh

A très vite

P & M